Faut-il regarder la série adaptée du best-seller La vérité sur l’affaire Harry Québert sur TF1 ?
Alors que la saison 3 de Dix pour cent a commencé à être diffusée Mercredi 14 novembre, et le Bureau des légendes, le 22 Octobre, TF1 est entré dans la danse des créations originales pour essayer de rester un acteur important du PAF.
Et il faut l’admettre, sur le papier le projet de la première chaîne est ambitieux : Un roman vendu à plus de trois millions d’exemplaires dont tout le monde a cherché à acquérir les droits, un réalisateur oscarisé et une vedette du petit écran. Alors nous avons pris la peine de regarder, et on vous pourquoi il faut ou pas regarder cette mini-série.
La tentation d’adapter un best-seller mondial
Pour ceux—rares—qui ne l’aurait pas lu La vérité sur l’affaire Harry Québertraconte comment un jeune auteur à succès en panne d’inspiration va rejoindre son mentor exilé dans une petite ville du Maine. A peine est-il arrivé que son ancien professeur est accusé du meurtre d’une jeune fille de 15 ans disparue en 1975.
La technique—quasiment unique de Joël Dicker—d’écrire par couches, c’est à dire sans plan, sans structure narrative déterminée privilégie l’attention du lecteur, peut-être au détriment du sens. Car si on passe un moment passionnant—la lecture vous isole socialement—nous sommes majoritairement déçus à la fin. C’est que l’auteur lui-même a déclaré ne pas connaître la suite du récit ou la fin, il tente au fur et à mesure de l’écriture de se surprendre et par extension de surprendre le lecteur.
A l’écran, le sentiment est autre, la densité de l’histoire écrite est beaucoup moins forte à l’écran. Peut-être est-ce dû à la prépondérance donnée à l’intrigue sur laquelle repose le roman et qui est un peu diluée visuellement. Peut-être est-ce dû au manque de caractérisation des personnages, peu visible dans le roman grâce à l’attente du lecteur à connaître la suite, mais qui à l’écran s’inscrit en creux. Reste que l’on a moins le sentiment à chaque minute, et à la fin de chaque épisode—chapitre de vouloir connaître la suite.
Réalisé par un réalisateur oscarisé
Nous disions donc, un grand roman, une vedette télé, et un grand réalisateur. Et donc de grosses attentes.
Personne ne pourra nier la qualité des plans ou des mouvements de caméra, ni même la beauté de narration visuelle de certaines séquences. Mais l’aspect visuel autant que le rythme n’y sont pas, on a l’impression de voir une série américaine aux 500 épisodes, pas une création originale tirée d’un roman européen. La photographie très lisse ne propose pas de nuances, ce qui couplé à la caractérisation faible des personnages peut donner l’impression de regarder un téléfilm du dimanche. S’ajoute à cela le choix de Patrick Dempsey, star du petit écran rassurant pour la ménagère de moins de 50 ans, qui ne colle pas du tout avec le personnage du roman, plus vieux plus cérébral, moins beau et moins lisse.
On espérait plus de prise de risques avec tous ses ingrédients favorables de la part de la production. In fine, le sentiment général est celui d’un potentiel gâché par la volonté de sortir une série qui puisse plaire à tous.
TF1 se met (presque) au diapason
Et pourtant, malgré ses défauts, le manque d’authenticité, TF1 réussi son pari en battant largement France 2 dans leur premier duel du mercredi soir.La vérité sur l’affaire Harry Québertaura rassemblé bien plus de spectateurs que Dix pour cent, dont tout le monde parle et qui est installé dans la tête des spectateurs depuis 3 ans.
Cela, alors même que la diffusion s’est faîte dans un contexte aberrant, l’impossibilité de voir sur TF1 la série en version originale, soit en anglais. En version française, les habitués de séries en version originale auront une difficulté sans nom à se plonger dans cette fiction, tant cela sonne faux.
Distribution
Patrick Dempsey (VF : Damien Boisseau) : Harry Quebert
Ben Schnetzer (VF : Marc Arnaud) : Marcus Goldman
Poppy Corby-Tuech : Emma Quinn
Kristine Froseth (VF : Barbara Probst) : Nola Kellergan
Damon Wayans Jr. (VF : Jean-Baptiste Anoumon) : Perry Gahalowood
Virginia Madsen : Tamara Quinn
Colm Feore : Elijah Stern
Joshua Close (VF : Julien Lucas) : Luther Caleb
Matt Frewer : David Kellergan
Connor Price : Travis Dawn, jeune
Craig Eldridge : Travis Dawn, âgé
Tessa Mossey (VF : Caroline Mozzone) : Jenny Quinn, jeune
Victoria Clark (en) (VF : Carole Franck) : Jenny Quinn, adulte
Kurt Fuller (VF : Gérard Sergue) : le chef de la police Gareth Pratt
Don Harvey : Bobbo Quinn
Felicia Shulman (VF : Françoise Vallon) : Maggie Pratt
Wayne Knight (VF : Marc Saez) : Benjamin Roth